La sécurité de la Suisse 2021

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Rapport de situation du Service de renseignement de la Confédération

Le rapport de situation en bref

Par le présent rapport, le SRC veut informer le public au sujet des menaces et des
risques pesant sur la sécurité de la Suisse. Le renseignement porte un regard sur le
monde qui permet d’identifier les menaces contre la Suisse, avec une focale moins
axée sur les feux de paille actuels que sur les foyers d’incendie de demain.
L’environnement politico-sécuritaire de la Suisse reste fortement marqué par la
concurrence croissante des grandes puissances et de quelques puissances
régionales, avec un déploiement de plus en plus fréquent d’instruments de pouvoir.

▪ Sous la présidence Biden, les États-Unis vont à nouveau soigner leur système
d’alliances global et revenir à une diplomatie multilatérale engagée tout en se
posant comme défenseurs de la démocratie. Du point de vue de la politique de
sécurité, ils continueront à mettre l’accent sur la concurrence stratégique avec la
Chine. Dans le cadre de l’OTAN, les États-Unis vont toujours viser une répartition
équitable des charges et encourager leurs alliés et leurs partenaires à les
soutenir vis-à-vis de la Chine, notamment dans le domaine des technologies de
pointe. S’agissant du conflit avec l’Iran, la nouvelle administration priorise les
négociations.

▪ La volonté stratégique de devenir la plus grande puissance mondiale d’ici au
milieu du siècle va rester au centre des actions du gouvernement chinois. L’évolution
de la Chine vers un statut de grande puissance globalisée est quasi acquise.
Cette intégration globale ne se traduit pas par l’adoption de normes internationales
par le Parti communiste mais bien plus par une présentation du modèle
gouvernemental chinois comme une alternative crédible à la démocratie libérale.

▪ L’Union européenne (UE) a le potentiel de devenir un acteur global influent. Pour
l’heure, ce potentiel n’est pas complètement utilisé, en raison de la nécessité de
rechercher en permanence le consensus. Plusieurs initiatives témoignent de la
volonté de renforcer la capacité de défense européenne, même si l’UE reste pour
l’heure encore très éloignée d’une autonomie stratégique vis-à-vis des États-Unis
et de l’OTAN.

▪ Sur le plan de la politique étrangère ainsi que de la politique de sécurité, la Russie
conserve une marge de manoeuvre en raison de la focalisation sur le développement
interne du système Poutine. La Russie déploie avec succès ses moyens limités
à l’étranger pour renforcer sa sphère d’influence, et ce à relativement moindres frais.
Sur son flanc ouest, elle veut retrouver vis-à-vis de l’OTAN et de l’UE l’influence
qu’elle a perdue avec l’effondrement de l’Union soviétique. Avec la Turquie,
la Russie a par ailleurs trouvé un allié dans sa politique de confrontation
vis-à-vis de l’Europe, même si leurs intérêts divergent parfois fondamentalement.
En tandem, les deux États pourraient renforcer leur position face à l’Europe et
gagner en influence dans l’espace méditerranéen.

Nombre de ces évolutions ne concernent pas directement la Suisse. On peut toutefois
les considérer comme des indicateurs selon lesquels l’effet protecteur de
l’environnement politico-sécuritaire faiblit. La transformation technologique entraîne
par ailleurs l’émergence de nouveaux risques, difficilement calculables, touchant en
particulier à l’espace cybernétique.

▪ La pandémie et les mesures de protection en résultant ont généré une forte
pression vers la numérisation, ce qui en retour a provoqué un agrandissement de la
surface d’attaque pour les cyberattaques, en particulier contre les chaînes logistiques.
Les nombreuses entreprises en Suisse qui proposent des accessoires et des services
pour les exploitants d’infrastructures critiques dans le pays et à l’étranger constituent
également des cibles intéressantes pour des acteurs pilotés par des États.

▪ Des acteurs étrangers essaient toujours d’acquérir en Suisse du matériel et des
technologies de pointe au profit de programmes d’armes de destruction massive
ou pour fabriquer des vecteurs. De plus, en raison de son paysage entrepreneurial
innovant, la Suisse est exposée aux velléités stratégiques en matière de prolifération.

▪ L’espionnage reste un défi permanent. La numérisation et la mise en réseau
entraînent une forte hausse de l’espionnage dans l’espace cybernétique. Les cibles
de l’espionnage étranger restent inchangées, avec Genève comme point d’orgue,
en raison de la présence des organisations internationales et d’un grand nombre
de représentations diplomatiques. Certains services de renseignement étrangers
représentent une menace directe pour des groupes-cibles en Suisse. Ces services
participent en outre parfois à des activités visant à influencer des intérêts suisses.

▪ La menace terroriste reste élevée en Suisse. Elle est principalement le fait d’acteurs
djihadistes, en première ligne d’auteurs agissant de manière autonome, dont
de plus en plus de personnes souffrant de problèmes psychiques.

▪ Le potentiel de violence émanant de l’extrémisme de droite et de gauche est quant
à lui toujours présent en Suisse. Les deux milieux essaient sans cesse d’utiliser à
leur profit le potentiel de protestation existant au sein de la société. De plus, il y a
toujours le risque lors de crises au long cours ou qui s’intensifient que les
protestations s’exacerbent même sans l’intervention des milieux de l’extrême
droite ou de l’extrême gauche et qu’elles deviennent en partie violentes.

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Source: Service de renseignement de la Confédération SRC

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